Quand Fée rime avec Carré !
Un hommage tardif à un homme exceptionnel né le 19 octobre 1931 membre du MI 5 et MI 6
Je conserve une sensation très particulière de la lecture de ses ouvrages.
Relativement peu connu des lecteurs français, d’une approche complexe John Le Carré nous donnait une vision passionnante de la partie d’échec grandeur nature et sanglante qui se jouait des deux côtés du rideau de fer.
L’expérience humaine et économique soviétique s’est soldée par un cuisant échec, mais nos amis russes ont toujours excellé dans le domaine du renseignement et de l’infiltration, les exemples sont nombreux et certains célèbres retranscrits au cinéma.
La lecture de ses romans nous plongeait dans un univers glacial et désespéré, totalement déshumanisé et parfaitement impitoyable.
Aucun autre auteur n’a jamais été en mesure, pour moi, de développer les mêmes sensations oppressantes.
Gérard de Villiers
né le 8 décembre 1929 décédé le 31 octobre 2013, auteur des célèbres romans SAS nous avait donné une image toute différente et très colorée des combats tout aussi féroces et souterrains que se livrent sans relâche les différents « Grands Services »
Une formule très commerciale toujours inspirée de l’actualité, une lucarne sur une information occultée au grand public.
Dans un tout autre domaine évidemment :
Robert Louis Dreyfus
(RLD) né le 14 juin 1946 et mort le 04 juillet 2010 est un homme d’affaires suisse au parcours atypique.
Atypique, l’homme, d’ailleurs l’est tout entier car sa réussite tient à son intelligence particulière et son charisme.
Laissez-moi ces quelques lignes :
Robert Louis n’est pas né dans la misère puisqu’il est l’héritier de la famille Dreyfus fondatrice d’une prospère activité dans le négoce et le transport maritime.
Peu motivé pour l’enseignement général il consomme sa rupture avec le lycée Marcel Roby de Saint Germain en laye et s’inscrit au cours Hattemer.
Après avoir échoué plusieurs fois au baccalauréat, Robert Louis réussit le concours d’entrée à Harvard.
Il s’engage dans l’armée israélienne au lendemain de la guerre des six jours, et passe quatre mois dans un Kibboutz, puis rejoint Londres pour un stage de neuf mois dans la banque Warburg et découvre la technique des montages financiers.
Joueur de poker il remporte de confortables sommes (entre 450000 et 500 000 dollars entre 16 et 20 ans suivant ses dires) qui lui permettent de redresser le groupe familial et de développer sa réputation dans des milieux très fermés.
N’obtenant pas la reconnaissance qu’il désirait par sa famille, Robert Louis choisi de voler de ses propres ailes à l’âge de 34 ans.
Il est appelé à la tête d’Adidas.
Fortune faite, notre futur prince charmant, Robert Louis devient en 2007 le principal actionnaire et dirigeant du groupe familial.
Il s’implique alors dans le football en devenant l’actionnaire principal de l’Olympique de Marseille.
Français d’origine RLD, il est naturalisé suisse en 1995.
Margarita Boddanova nait le 18 juin 1962 à Leningrad (URSS) dans une famille modeste, ses deux parents meurent dans un accident de train alors qu’elle n’avait que 7 ans, elle est élevée par son grand-père ingénieur électricien membre du parti communiste dans un logement communautaire.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Kommounalka
(Entendez, quatrième étage sans ascenseur, toilette sur le palier, cuisine et sanitaires partagés, chauffage au bois)
Margarita Boddanova dispose de sérieux atouts : la beauté slave, un caractère ambitieux, de l’intelligence et une farouche volonté.
Elle possède un diplôme en économie et profite à 27 ans de la perestroïka et d’un mariage fugace avec un suisse allemand (18 mois) pour s’installer dans ce pays.
Premier objectif atteint !
Elle travaille comme assistante dans une société d’import-export (et économiste pour voyager selon ses dires).
Et c’est justement dans un avion entre Zurich et Londres qu’un fabuleux « destin » va lui rendre visite en 1989.
Margarita se laisse séduire par son voisin de rangée de 31 ans son aîné qui n’est autre que Robert Louis Dreyfus.
Une formidable opportunité qu’elle le pouvait manquer.
Deuxième étape, la plus délicate, franchie !
Le destin ne précise pas pourquoi RLD voyageait en classe ECO ou si notre assistante bénéficiait d’un billet FIRST à titre professionnel ?
La chance vraiment insolente était surtout d’avoir bénéficié d’une place à ses côtés.
Quoi qu’il en soit, le conte de fée est en route et le mariage est célébré trois ans plus tard, suit la naissance de trois héritiers potentiels d’un empire familial colossal.
Troisième palier atteint, acquis concrétisés.
La nouvelle venue détonne un peu dans la famille traditionnaliste du fait de ses goûts luxueux et ses dépenses somptuaires mais qu’importe ce décalage culturel et social qui ne dérange guère Robert Louis, atypique par essence.
Malheureusement un ombre obscurci notre idylle puisqu’un grave maladie s’abat sur notre milliardaire dès l’année suivant sa miraculeuse rencontre.
Une leucémie, maladie incurable et fatale dont les causes demeurent très souvent mystérieuses
Malédiction ou opportunité, les choses vont décidemment vraiment très vite, et c’est pour Margarita Boddanova une formidable occasion de prouver son attachement et son dévouement.
Elle y parvient avec brio en menant un combat louable contre le corps médical pour tenter de sauver son conjoint d’une mort certaine.
Margarita, discrète jusqu'alors, avait sorti ses griffes, défiant les médecins qui avaient déjà à moitié enterré son époux. Selon Paris Match, l'homme d'affaires aurait glissé à sa vaillante avant de mourir : « Si tu t’occupes aussi bien de mes affaires que tu as essayé de me soigner, je peux mourir tranquille. »
RDL décédera en juillet 2009.
Lorsque son époux, Robert Louis-Dreyfus, meurt de sa maladie, elle devient héritière du groupe Louis-Dreyfus et parallèlement actionnaire majoritaire de l'Olympique de Marseille, club de football dont son mari était propriétaire depuis 1996. Celui-ci l'avait intégrée à la direction du groupe dès 2007 en récompense de ses dix-neuf ans de dévouement, elle a 47 ans.
Les enfants sont trop jeunes pour monter sur le trône
2007 : une reconnaissance méritée, quatrième étape
Robert Louis-Dreyfus laisse derrière lui les manettes du groupe Louis Dreyfus, 30 milliards d'euros de chiffres d'affaires. Avec deux des fidèles destriers de l'homme d'affaires, Margarita Louis-Dreyfus veille à l'entretien du patrimoine de ses enfants, sans jamais lâcher une miette.
Celle que les supporters de l’OM moqueurs, appelaient « la blonde » est la deuxième femme la plus riche de France, à la tête d'une fortune de 5 700 millions d'euros d'après le classement des plus grosses fortunes françaises de Challenges.
Et les droits de successions ?
En 2016, il est cité dans l'affaire des Panama Papers100 pour être l'actionnaire de plusieurs sociétés extraterritoriales basées aux Îles Vierges britanniques : United in Sports Parallel I GP Limited, créée en 2007, et UIS RLD 2 Limited, créée en 2009 soit un mois avant son décès. Il est alors accusé, à titre posthume, d'avoir voulu cacher son héritage au fisc.
Cinquième étape : plus de sentimentalisme, devenir vraiment professionnelle
Le vent doit tourner. Celle qui était perçue comme la veuve bienveillante un peu potiche chasse ses rivaux un à un. En avril 2011, Jacques Veyrat, l'un des dauphins du trio héritier du groupe Louis-Dreyfus, quitte le navire.
Le moment était venu pour la tsarine (suivant le surnom d’un journal féminin) de tourner une page, alors qu'elle venait de donner naissance à des jumelles, Isabella et Arina, en mars 2016. Le père n'est autre que son compagnon depuis 2013 Philipp Hildebrand, ancien président de la Banque nationale suisse, et vice-président actuellement de Black Rock, un géant américain de la finance. Le 9 janvier 2012, il avait en effet été contraint de démissionner de ses fonctions du groupe, à la suite d’une présomption de délit d’initié dans une affaire d’opérations de change sur sa fortune privée.
Mauvaise pioche ou coup bas ?
Destin incroyable, voilà comment une jeune femme inconnue, surgissant d’une banlieue stalinienne munie d’un antique passeport soviétique, devient par une succession de hasard extraordinaire, mais non sans talent, patience et dévouement la propriétaire d’une multinationale aux ramifications complexes.
J’adore les contes de fées, et vous ?.
La saga continue…
N’oubliez pas de lire ou relire les ouvrages de John Le Carré pour patienter.
Pour les adeptes du cosmique, puisqu’on me le demande souvent :
John Le Carré : Chèvre -Balance
Gérard de Villiers : Serpent - Sagittaire
Robert Louis Dreyfus : Chien- Gémeaux
Margarita Boddanova : Gémeaux-Tigre